Oser une carrière d’AESH : tout ce que vous devez savoir

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Adult soutenant un enfant avec besoins spéciaux dans une classe lumineuse

Imaginez une profession qui refuse de rentrer dans les cases, dont le statut continue d’échapper aux standards de l’Éducation nationale. Le métier d’AESH, accompagnant d’élèves en situation de handicap, avance, lui, sur une ligne de crête : rémunérations peu attractives, recrutements hétérogènes selon les départements, mais une demande qui ne cesse de grimper. Les grilles de salaire stagnent, tandis que les besoins explosent. Sur le terrain, la formation initiale laisse souvent un goût d’inachevé au regard des attentes des équipes. Pourtant, chaque année, de nouveaux candidats choisissent ce chemin, portés par l’envie d’agir, de défendre l’inclusion et de répondre là où la société a longtemps fermé les yeux.

AESH : un métier au cœur de l’inclusion scolaire

L’aesh s’est imposé comme un rouage indispensable de l’école inclusive. Derrière cet acronyme, une réalité concrète : permettre à des élèves en situation de handicap de vivre pleinement leur scolarité, de progresser, de s’exprimer au sein du collectif. Jadis, on parlait d’AVS ; aujourd’hui, la fonction s’est structurée et s’exerce sous la responsabilité du ministère de l’éducation nationale.

La profession s’organise autour de trois modalités d’intervention, chacune adaptée à des besoins spécifiques :

  • AESH-i (individuel), désigné par la cdaph pour accompagner un élève avec une attention sur-mesure ;
  • AESH-m (mutualisé), qui intervient auprès de plusieurs élèves au sein d’un même établissement ;
  • AESH-co (collectif), intégré à une unité ulis, en lien étroit avec les enseignants.

Aujourd’hui, le pial (pôle inclusif d’accompagnement localisé) orchestre le travail des aesh, cherchant à professionnaliser la fonction, à offrir plus de souplesse dans l’organisation et à améliorer, concrètement, les conditions de travail.

Chaque aesh agit en s’appuyant sur les notifications de la cdaph, mais aussi sur l’écoute de l’équipe pédagogique et sur une adaptation fine aux singularités de chaque élève. L’objectif : encourager l’autonomie, permettre à chacun de trouver sa place dans le groupe et rappeler que l’école appartient à tous. Ce métier n’est pas un simple accompagnement, il devient un moteur de transformation, un rempart contre l’exclusion.

Face à l’augmentation constante des notifications et à la pression croissante de la demande, la profession change de visage. S’engager comme aesh, c’est choisir un métier à impact, où l’on mesure chaque jour son utilité sociale et où l’on contribue à bâtir une école plus juste.

Quelles compétences et qualités pour accompagner au mieux les élèves ?

Accéder à la fonction d’aesh suppose de détenir le baccalauréat, un DEAES (diplôme d’état d’accompagnant éducatif et social), ou un diplôme équivalent dans les métiers du service à la personne. Mais il existe aussi une voie par l’expérience : neuf mois d’activité dans le secteur suffisent pour candidater. Dès l’embauche, une formation initiale de 60 heures est prévue pour poser les bases du métier, puis des formations continues viennent approfondir les savoir-faire et les postures professionnelles.

Pourtant, au-delà des diplômes, ce sont d’abord les qualités humaines qui font la différence. Patience, écoute, capacité à observer, empathie, souplesse. Il faut savoir regarder sans juger, comprendre les besoins, ajuster ses gestes pour soutenir sans remplacer. L’organisation, la rigueur dans la transmission d’informations, la discrétion sur les situations sensibles, tout cela tisse la confiance avec l’équipe éducative.

Ce métier demande de mixer bon sens, engagement sincère et volonté de rendre possible l’autonomie. Le quotidien, c’est aussi le dialogue avec l’enfant, les échanges avec les enseignants, la relation avec les familles. L’aesh navigue entre l’accompagnement éducatif, social, et parfois un peu de soin, ce qui exige polyvalence et capacité d’adaptation. C’est cette richesse de profils et de compétences qui garantit la qualité de l’accompagnement.

Rémunération, statut et perspectives : ce que réserve la carrière d’AESH

Les aesh relèvent du droit public, sous contrat avec le rectorat ou la direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN). Le parcours commence généralement par un CDD de trois ans, renouvelable une fois, avant de pouvoir prétendre à un CDI après six ans d’ancienneté. La plupart travaillent à temps partiel, avec des horaires souvent éparpillés sur la semaine.

Côté paie, la grille indiciaire nationale s’applique et évolue lentement avec l’ancienneté. En début de carrière, la rémunération nette tourne autour de 800 à 900 euros mensuels pour un mi-temps. Certaines missions ouvrent droit à des indemnités (fonction, précarité selon le contrat). L’enjeu de la reconnaissance salariale reste vif, porté par des collectifs et syndicats qui revendiquent une amélioration concrète des conditions de travail et de salaire.

La fonction d’aesh n’est pas une impasse. Elle offre des ouvertures vers le secteur médico-social, des formations internes, et la possibilité d’évoluer vers des métiers comme aide-soignant, moniteur-éducateur, éducateur spécialisé, ou technicien de l’intervention sociale et familiale. Les compétences acquises dans l’accompagnement scolaire pèsent lourd pour bifurquer vers d’autres métiers du social, où les besoins restent élevés.

Assistante éducative prenant des notes avec des enfants divers à l

Conseils pratiques pour bien débuter et connaître ses droits

Dès la prise de poste, il devient crucial de tisser des liens étroits avec l’enseignant, l’équipe éducative et les familles. Cette coopération garantit un accompagnement cohérent et adapté. Les échanges réguliers permettent d’ajuster les pratiques, de prévenir certaines difficultés, et d’assurer une continuité entre les attentes de chacun. Participer activement aux réunions de suivi de scolarisation est aussi fondamental : c’est là que se décide l’adaptation du projet personnalisé de scolarisation (PPS) et que chaque intervenant peut faire valoir son point de vue.

Le GEVA-Sco (guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation) sert de boussole au quotidien. Ce document détaille les missions et cadre l’accompagnement. Il mérite d’être consulté, questionné, utilisé comme repère. En cas de doute ou d’incertitude sur son interprétation, le référent handicap ou le responsable du pial apportera des réponses concrètes.

Pour celles et ceux qui débutent, être accompagné par un pair référent facilite grandement les premiers pas. S’appuyer sur l’expérience des collègues et partager les pratiques, c’est renforcer la qualité de l’accompagnement et s’installer durablement dans la profession. Connaître ses droits, réclamer l’accès à la formation continue, participer aux concertations, vérifier que les conditions de travail sont respectées : ces réflexes protègent et valorisent la fonction. Les textes existent, les ressources humaines de l’académie peuvent les fournir sur simple demande.

Voici quelques repères pour s’installer sereinement dans le métier d’aesh :

  • Collaborez avec tous les acteurs du parcours scolaire.
  • Participez aux réunions de suivi.
  • Maîtrisez le contenu du PPS et du GEVA-Sco.
  • Faites valoir votre droit à la formation.

Dans chaque salle de classe, derrière chaque accompagnement discret, se joue une avancée vers l’inclusion. Oser la carrière d’aesh, c’est choisir un métier où chaque geste compte, où l’on façonne un peu plus chaque jour l’école de demain.